Comprendre les marchés boursier, le modèle fondamental

Voici un préambule sur la naissance du modèle fondamental.

Vous ne jurez que par l’analyse technique boursière ? Ou bien êtes- vous fondamentaliste dans l’âme?

Si vous êtes dans une de ces 2 catégories c’est une bonne chose. Le mieux, c’est encore d’être dans les deux. Mettez en place une approche hybride dans votre stratégie de trading.

Il m’a semblé judicieux d’aborder avec vous le modèle fondamental, le socle théorique de l’analyse fondamentale, ses qualités ainsi que ses limites.

Justement ses principales limites ont contribué à l’émergence de la finance comportementale.

Dans ce chapitre 0 (un hors-série en quelque sorte), nous allons aborder tout ces sujets.

Je vous rassure ! Je ne suis pas théoricien, mon approche est plutôt orientée technique mais si le fondamental rejoint le technique alors là je dis banco !

Je tiens à rester concis. J’espère que vous êtes motivé ! Je n’aimerais pas vous décourager dès le début ! Ce serait dommage !

Tout au long de ce cours des liens principalement vers wikipédia seront insérés, pour permettre à ceux qui veulent entrer (encore plus) dans le détail de le réaliser.

Ce cours n’a pas vocation à être exhaustif. Je vais simplement aborder les grands concepts.  Dans notre cas nous n’avons pas besoin de les connaître en détail. Simplement prendre du recul par rapport à cela est selon moi toujours enrichissant.

Le programme s’annonce dense!

Prêt ? Alors c’est parti!

1. Le modèle fondamental

Disons le tout de suite l’analyse technique est extrêmement populaire. C’est un fait, des traders réputés l’utilisent et la recommandent.

Paradoxalement elle a toujours été fortement critiquée par le monde universitaire pour son manque de rigueur scientifique. Clairement il y a un rejet, deux visions des marchés s’opposent.

Pendant longtemps le modèle fondamental a prédominé, écrasant et méprisant l’analyse technique. Depuis quelques années ce modèle se fissure après des échecs retentissants comme le cas d’Enron par exemple.

Le principe théorique fondateur de ce modèle :

Un actif boursier quel qu’il soit tend vers sa valeur intrinsèque ou valeur réelle.

Retenez le bien ! Toute la suite de ce cours s’articule autour de cette notion.

Cette théorie a été jusqu’aux années 1980 la seule considérée comme crédible pour expliquer la valeur d’un marché ou d’un actif. Ce succès s’explique principalement par son lien étroit avec le monde universitaire.

Permet-elle de prédire convenablement tous les mouvements boursiers ? Je n’en suis pas si sûr.

Limité cette méthode d’analyse à simplement étudier quelques chiffres que donne une entreprise ou une organisation est réducteur. Elle est ancienne et bien plus vaste. Beaucoup de personnes parlent de l’analyse fondamentale sans réellement en connaître les principes théoriques.

1.1 La naissance du capitalisme

Commençons notre voyage dans le temps, remontons aux origines, au 19ième siècle.

La fin du 19ième est une période de grand bouleversement.

Celui-ci est marqué par la révolution industrielle, démographique et par l’émergence d’un nouveau système économique le capitalisme basé sur le libéralisme.

Révolution industrielle

Elle s’appuie sur des travaux effectués par l’un des tous premiers économistes. Un Ecossais du 18ième, Adam Smith.

Voici monsieur Smith (et non l’agent Smith! )

Celui-ci œuvre pour le libéralisme en contradiction avec le système royaliste.  

Son principe est simple à comprendre :

Toute personne libre cherchera son bien être personnel par un enrichissement financier. Il proposera donc un produit ou service de qualité. Ses clients seront eux même contents.

Il en déduit que cette démarche au début personnelle profitera au final au plus grand nombre en incitant à la création d’entreprise, à embaucher. L’économie entrera alors dans un cercle vertueux.

Pour satisfaire au mieux l’intérêt général, un individu travaillera toujours de manière plus efficace pour son intérêt personnel en premier.

Le concept du capitalisme était né. L’Etat sera dorénavant limité à ses fonctions primaires dite régaliennes qui permettent simplement de maintenir l’ordre et permettre les échanges (justice – sécurité – monnaie)

1.2 La naissance de l'Ecole Néo-classique

Remettons le contexte. A cette époque le modèle fondamental n’existe pas encore sous sa forme actuelle. Tout juste Adam Smith conceptualise le libéralisme.

Une nouvelle discipline entre alors en scène: L’Ecole Néo-classique.

L’apport décisif de la nouvelle Ecole sera la caution mathématique des travaux réalisés par les  «classiques ».

Elle donnera un statut scientifique à l’économie.

Ses 3 fondateurs sont Carl Menger – William Stanley Jevons – Léon Walras.

La science économique moderne s’appuiera désormais sur les mathématiques pour démontrer sa toute puissance. Elle étudie la formation des prix, la production et la distribution des revenus. Elle définit l’offre et la demande sur un marché.

C’est Thorstein Veblen qui introduit cette désignation en 1900 dans un le terme générique : Ecole Néo-classique.

L'école néo-classique en économie

Son contexte est celui de la révolution industrielle. La première raison de sa création est de construire une économie politique sur de nouvelles bases.

Leurs théories s’appuient sur 4 grands postulats:

  • La rationalité des individus
  • La concurrence pure et parfaite
  • L’information fiable et exhaustive
  • Etudiable comme des phénomène physiques
  • La rationalité des individus:

Ceux-ci basent leurs décisions sur toute l’information qu’ils ont de disponible. Ils investissent en utilisant au mieux les ressources qu’ils ont à leur disposition et les contraintes qu’ils ont à subir. Ils ont en tête les tenants et les aboutissants du marché.

  • La concurrence pure et parfaite:

Les marchés sont décrits comme un marché transparent avec le même droit d’entrée pour tous les individus. Chaque facteur de production reçoit l’égal de ce qu’il apporte. Cette transparence permet de maximiser la satisfaction globale des consommateurs.

  • Les individus sont libres :

Ceux-ci agissent individuellement et librement à partir d’une information fiable et exhaustive.

  • Pouvoir être étudié avec la rigueur scientifique:

Les phénomènes économiques sont étudiables comme des phénomènes physiques.

Partant de ces 4 postulats l’analyse néo-classique démontre que le marché se régule de lui-même.

Il obtient un rôle de régulateur. Une crise avec un facteur extérieur au marché (choc pétrolier…) se résoudra d’elle-même puisque la concurrence pure et parfaite contribue à combattre cette instabilité, ceci grâce à la flexibilité du prix.

Une distinction est tout de même à prendre compte. Elle est considérée comme libérale mais admet la volonté d’encadrer la concurrence qui va à l’encontre du libéralisme. Cet encadrement permet justement d’obtenir et d’imposer cette concurrence pure et parfaite.

Comme nous l’avons dit au début de ce chapitre elle développe un environnement mathématique pour la nouvelle économie. La plupart des économistes actuels s’appuient sur ces travaux pour leur analyse de la microéconomie.

Mais alors dans quel but ?

Tout simplement pour s’écarter des sciences humaines. Développer des méthodes de formalisation mathématique pour aboutir à la notion d’équilibre économique. Néanmoins elle repose sur des hypothèses théoriques imparfaites dans la réalité.

Léon Walras développe ainsi un univers économique parfait mais théorique.

1.3 La théorie de l'efficience

La domination de la pensée idéologique de l’Ecole néo-classique impose d’avoir un marché économique efficient.

La question que vous allez vous poser rapidement est : Qu’est-ce que l’efficience ?

L’efficience permet de mesurer une performance. Elle est le résultat du rapport entre le résultat obtenu et les ressources utilisées.

Un marché efficient est donc un marché qui reflète à tout moment toute l’information disponible.

La théorie de l"efficience en économie

Il est donc impossible d’anticiper toutes variations futures puisque le prix actuel intègre tout cela.

Eugene Fama est le premier qui introduisit la notion d’efficience.

Le prix est la meilleure estimation possible de la valeur d’une entreprise pour un marché efficient.

1.3.1 La théorie de l'efficience

On distingue 3 types d’efficiences :

  • Allocationnelle
  • Informationnelle
  • Opérationnelle

L’efficience allocationnelle

Le marché permet une allocation optimale des ressources. Les activités les plus productrices sont les plus recherchées. Elles contribuent ainsi au développement économique.

L’efficience informationnelle

Les cours reflètent toute l’information disponible. Ils sont un signal pour les opérateurs rationnels.

Elle a la particularité de favoriser indirectement l’efficience allocationnelle puisqu’elle permet aux opérateurs de placer leurs capitaux en fonction de l’information donnée par les cours boursiers.

L’efficience opérationnelle

Le marché est une place centrale dans le mécanisme de l’offre et la demande.

Elle doit favoriser l’échange en toute transparence et à moindre coût.

Ses dernières années l’avènement des échanges entièrement informatisés et la démocratisation d’internet ont permis aux places boursières de réaliser des progrès considérables pour faciliter un accès aux marchés.

1.4 Conclusion

Vous êtes encore là ? Félicitation !

Nous voici au terme de ce premier chapitre bien dense. Il me semble important de faire un résumé pour ne perdre personne sur le chemin.

Alors qu’est-ce qu’il en ressort de cette théorie de l’efficience basé sur l’Ecole néo-classique ?

Simplement l’impossibilité pure et simple selon cette théorie de prédire l’évolution d’un titre.

Un décalage des cours est seulement provoqué par des informations non anticipées par le marché. L’origine de ces fluctuations peut être un facteur extérieur comme une information géopolitique soudaine ou bien un événement climatique ou sismique, rien à voir avec l’économie donc.

Il est donc impossible de battre le marché, tout au mieux on peut l’égaler.  L’approche qui consiste à répliquer un indice avec la même pondération s’appelle la gestion indicielle.

Pour la théorie néo-classique, le prix contient toute l’information dont ont besoin les opérateurs pour leurs prises de positions. L’efficience du marché a donc un rôle fondamental. Il permettra donc une allocation optimale des ressources au meilleurs prix au coût le plus faible.

Pour les économistes néo-classiques, la libéralisation du marché permet d’augmenter leurs efficiences et accroître ainsi le bien être de la société dans son ensemble par une meilleure allocution des ressources.

La libéralisation du marché entreprise par les nombreuses réformes durant les années 1980 se base fortement sur l’école néo-classique. Celles-ci doivent permettre d’accroitre l’accès à l’information  à tous et lutter contre les délits d’initiés en augmentant leur transparence. Supprimer les situations de monopoles en promouvant la concurrence et favoriser la liquidité.

Toutes ces réformes se basant sur les préceptes néo-classiques ont un seul but : faciliter la convergence entre la valeur fondamentale d’un actif et son cours de bourse.

Néanmoins le résultat n’est pas celui escompté, vous allez voir pourquoi dans la suite du cours !

2. L'analyse fondamentale

Nous voici arrivé à l’objectif premier de ce cours.

Passons maintenant aux choses sérieuses.

Nous venons d’étudier le modèle fondamental qui pose les fondations théoriques indispensables pour l’analyse fondamentale.

Vous comprenez le raisonnement ?

2.1. Le rôle de l’analyse fondamentale

Le courant de pensées dominant représenté par l’école néoclassique en économie va défendre l’idée selon laquelle l’analyse fondamentale contribue à l’efficience des marchés. Son rôle informationnel sera déterminant dans le sens où elle met à disposition des informations importantes pour évaluer un actif.

Quoi qu’il arrive pensez toujours efficience.

Une entreprise, un pays, une organisation va ainsi fournir des données chiffrées fiables.

Par exemple un chiffre d’affaire, des bénéfices, sa dette, sa capitalisation boursière, la qualité du management, également des projections de résultat sont des éléments pris en compte.

Celles-ci seront utilisées par les analystes financiers pour déterminer si un actif est sur ou sous-évalué par rapport au marché. Il conseillera alors la décision de le vendre ou bien d’acheter.

Vous comprenez le raisonnement ?

La rationalité des opérateurs est au centre de l’analyse.

En agissant ainsi un actif doit tendre vers sa valeur intrinsèque ou réelle. La rationalité des opérateurs éliminera tout écart constaté.

La rigueur scientifique permet à l’analyse fondamentale d’être l’approche dominante pour les principales institutions financières.  Celle-ci permet de justifier les choix effectués dans la gestion de portefeuille.

L’efficience des marchés passe par la rationalité des opérateurs.

2.2. Ses limites

Je viens de vous dresser un très beau portrait théorique. La réalité est tout autre.

Des mouvements d’euphories et de pessimismes se développent régulièrement. C’est un fait les opérateurs humains ne sont pas rationnels. Nous sommes gouvernés par nos émotions. C’est ce qui fait de nous des humains et non des machines (les algorithmes notamment).

Cette analyse aura beau se baser sur des éléments fiables, vous ne pourrez pas déterminer votre point d’entrée pour intervenir sur un actif, simplement parce que vous ne connaîtrez pas la psychologie à l’œuvre à ce moment-là sur celui-ci. Cet actif même s’il est sous-évalué peut encore le rester très longtemps. Baser votre stratégie uniquement sur ce seul critère est insuffisant.

Sachez également que lorsqu’une analyse réalisée par un analyste financier est disponible pour le grand public, les institutionnels ont déjà intégré cette information sur les marchés. Vous avez donc un temps de retard.

Comment expliquer alors que l’irrationalité des opérateurs ne fasse pas écrouler le château de cartes ?

Les économistes de la nouvelle école avancent des arguments crédibles qui vont dans le sens de l’efficience. Deux hypothèses contradictoires en apparence pour prouver que les cours ne dévient jamais longtemps de leurs valeurs réelles.

2 hypothèses:

  • Les investisseurs vont dans le même sens.
  • Les investisseurs ne vont pas dans le même sens
  • Les anticipations des investisseurs irrationnels ne vont pas toutes dans le même sens. Elles se compensent, un écart constaté n’est que pur hasard.
  • Les anticipations des investisseurs irrationnels vont toutes dans le même sens. On parle de prophétie auto réalisatrice. Suivi d’un analyste réputé par exemple ou bien d’un support graphique ou bien un niveau graphique.

Vous le constatez ces deux hypothèses sont diamétralement opposées et pourtant:

Elles nous montrent que dans le 1er cas l’attitude désordonnée des investisseurs irrationnels s’annule et ne provoque pas de décalage durable.

Pour la 2ième hypothèse un phénomène de prophétie auto réalisatrice se met en place. Cela déclenchera des opérations dans le sens contraire car l’anomalie attirera d’autres opérateurs.

Dans tous les cas l’efficience des marchés sera préservée. C’est pas beau ça!

2.3.L’analyse fondamentale est-elle réellement pertinente?

A ce moment-là du cours vous ne savez plus où regarder. Le modèle fondamental repose sur des bases solides mais pourtant ses limites sont loin d’être anecdotiques. Elles sont même importantes.

Vous le constatez tous les jours par vous-même des anomalies se produisent régulièrement. L’efficience ne semble être qu’une vue de l’esprit. Des délits d’initiés surviennent régulièrement, l’accès à l’information pour tous et en toute transparence n’est qu’un rêve. Il est fréquent de voir un cours de bourse en décalage total avec sa valeur fondamentale pour une durée assez longue et parfois sans raison apparente.

La question que je me pose : Quelle est réellement la pertinence de l’analyse fondamentale ?

Les analystes se basent sur l’analyse fondamentale pour évaluer un actif ou bien un indice. Cette analyse permet de déterminer si un actif est sur ou sous-évalué et ensuite de donner une recommandation.

Dans ces conditions il est facile d’en déduire que l’analyste en question doit être dénué de tout parti pris et d’émotions, en plus d’être compétent cela va de soi.

La gestion des émotions est la première faille dans le modèle fondamental. Il se base sur la rationalité des individus. Cependant la réalité est plus compliquée qu’un modèle théorique aussi complet soit-il.

Pendant une période d’euphorie ou de panique les analystes sont eux même affectés par leurs émotions. Leur jugement sera biaisé par le sentiment général du marché.

La deuxième faille vient de la compétence des analystes. Les différents scandales financiers comme le cas d’Enron ou bien les subprimes ont terni leur image.

Les analystes n’ont pas tous les torts. Il est aisé de manipuler une information ou la diffusion de celle-ci. Un chef d’entreprise, un gouvernement ou bien une organisation qui maîtrise très bien sa communication peut induire en erreur même les plus talentueux analystes.

Selon l’école classique, un marché efficient passe par une efficience informationnelle. Selon ce schéma toutes les informations dont nous avons besoins sont disponibles immédiatement et en toute transparence. Tout manquement devra être puni sévèrement pour éviter que cela ne se reproduise.

Cela c’est pour la théorie, mais en pratique l’être humain sera toujours tenté de s’accaparer une information pour en tirer un profit personnel au détriment de l’intérêt général. Cela va contre les fondements de l’école néo-classique et met en péril cette efficience tant importante.

2.4. Oui elle est pertinente (mais pas dans n’importe quelles conditions)

Le tableau n’est plus très glorieux pour l’analyse fondamentale. Ne partez pas en courant !

La réalité écrase quelques peu la théorie sous le poids de l’imperfection humaine (elle est belle la phrase 😉 )

Doit-on reléguer le modèle fondamental aux oubliettes ?

NON ! Bien sûr que non !

Redonnons-lui un peu de lustre !

Nous venons de le voir l’analyse fondamentale présente des limites, simplement parce qu’un modèle théorique aussi puissant et complexe soit-il n’intégrera pas cette dimension humaine.

Les émotions sont dévastatrices sur notre capacité à agir rationnellement. Un marché financier n’est pas la somme d‘individus qui œuvrent dans l’intérêt général, mais d’individus qui œuvrent pour leurs propres intérêts.

Aujourd‘hui encore à l’ère d’internet, des échanges informatisés et globalisés, l’efficience informationnelle n’est pas respectée. On peut le combattre par des réformes, des lois, mais la nature humaine restera ce qu’elle est avec ses bons côtés et ses moins bons.

Néanmoins même si elle présente des limites, son utilité est bien réelle et importante. Simplement pour réaliser une bonne analyse certaines règles doivent être respectées.

Tout d’abord avant de commencer une analyse celle-ci devra être sur du long terme c’est de 1 à 3 ans au minimum.

Pourquoi ?

Comme nous venons de le voir un actif peut être en décalage assez fortement et pendant un laps de temps assez long. Cela vient de l’irrationalité du marché et de la dimension psychologique. En revanche sur une période longue ces effets deviennent acceptables.

Approche-t-on d’une résistance graphique ? Si oui même une bonne nouvelle peut-être vendue. Sa conséquence serait une baisse du prix malgré de bons fondamentaux.

Au contraire l’arrivée d’une surprise positive de la part de l’actif additionné à une cassure de résistance graphique peut alors provoquer un fort décalage haussier.

Pour qu’un actif s’apprécie, les fondamentaux ne sont qu’un paramètre parmi d’autres à prendre en compte.

Dernier point : Une analyse fondamentale doit être faite de manière la plus indépendante possible pour ne pas être victime d’un effet moutonnier et ainsi biaiser son jugement.

2.5. Conclusion

Résumons ce 2ième chapitre encore une fois dense !

L’intérêt économique de l’analyse fondamentale n’est pas à démontrer. 

Elle représente une source d’informations fiables pour le grand public. En exerçant une pression positive sur les différentes entreprises elle permet de mieux valoriser ces actifs en les incitant à réaliser une gestion efficace, transparente qui bénéfice à l’intérêt général.

Cette méthode reste et restera populaire encore longtemps. De nombreux gérants de portefeuilles et analystes utilisent cette dernière pour la simple raison qu’elle est la méthode enseignée dans les universités. Son lien académique est très fort.

Son principe fondateur qu’est l’efficience des marchés fonctionne sur un horizon de temps long terme au minimum plusieurs années. En revanche elle est totalement déconnectée sur du court terme.

Tous les opérateurs interviennent avec leurs propres émotions, leurs propres tolérances aux risques et leurs propres visions du marché.

Elle n’intègre pas la dimension psychologique des opérateurs. Même si cet actif est sous-évalué selon votre analyse, pour le marché cette situation peut perdurer encore très longtemps sans aucun problème.

Le marché a une mémoire. Il se souvient des différents niveaux sur lesquels il a déjà buté ou bien rebondi. En conséquence elle n’offre pas de timing d’entrée précis.

N’oubliez pas: le marché a toujours raison !

Les qualités et les limites de l'analyse fondamentale

3. L'émergence de la finance comportementale

A ce stade le modèle fondamental n’a plus de secret pour vous j’espère !? Je plaisante. 😉

Nous l’avons vu la clé de voûte de l’analyse fondamentale est l’efficience des marchés, théorisée par l’école néoclassique.

Malheureusement cette théorie se heurte à la réalité du marché. Les investisseurs ne sont pas exclusivement rationnels dans leur prise de décision.

Même si le modèle fondamental tente de justifier que l’irrationalité des intervenants n’a pas d’impact pour le marché, des mouvements avec des décalages importants surviennent de façon inexpliquée, en apparence du moins.

Remettons notre contexte historique.

Nous sommes au milieu des années 80, l’Ecole néo-classique domine largement la nouvelle économie. C’est à ce moment précis qu’entre en scène la finance comportementale

3.1 Le retour de la dimension psychologique

Différents évènements, bulles spéculatives ou encore scandales agitent les marchés financiers au milieu des années 80.

Cela commence avec le krach sur les marchés financiers d’Octobre 1987 dû à la remontée rapide des taux d’intérêts aux US. Il y a aussi la bulle des valeurs internet à la fin des 90. Une entreprise mettait un « .com » dans son nom pour que son cours de bourse atteigne des niveaux stratosphériques, ce n’était pas très rationnel tout ça. Au milieu il y a eu différents scandales notamment un des plus connus du grand public celui d’Enron.

Tous ces événements ont remis en cause, pour les experts comportementalistes, la toute-puissance du modèle fondamental. Les fondamentaux ne peuvent clairement pas expliquer ces phénomènes.

De nos jours, la montée en puissance de l’informatique notamment les passages d’ordres automatisés par des algorithmes augmente de jours en jours et déshumanise (quelque peu) le marché

C’est dans ce contexte que l’étude de la psychologie de marché fait son grand retour.

La théorie économique dominante focalisée sur les chiffres a occulté l’humain. La psychologie humaine est très complexe à théoriser. Pour moi ramener l’esprit humain à de simples chiffres est extrêmement réducteur !

Le cerveau humain est peut-être une formidable machine biologique, mais celui-ci reste gouverné par des biais psychologiques puissants en situation d’incertitude.

La finance comportementale révolutionne la théorie économique en remettant en cause les fondements de l’efficience.

Son socle repose sur la théorie des perspectives aléatoires. Daniel Kahneman, psychologue et économiste américano-israélien en est le principal contributeur. Ses travaux sont à la base de la finance comportementale.

Daniel Kahneman travailla avec Amos Tversky sur les anomalies boursières et les différents biais cognitifs.

Daniel Kahneman
Daniel Kahneman
Amos Tversky
Amos Tversky

Cette théorie se base sur 2 hypothèses :

  • L’opérateur étudie mentalement les choix qui lui sont proposés et leurs implications.
  • Il détermine ensuite ses différentes options pour choisir celle qui plait le plus.

La finance comportementale se démarque du modèle fondamental dans la mesure où l’individu ne prendra pas cette décision rationnellement mais sera influencé par ses différents biais psychologiques et émotionnels. Les informations les plus pertinentes ne seront pas nécessairement celles prises en compte.

Appliquée à un cours de bourse, elle explique pourquoi celui-ci décalera fortement et sans raison fondamentale.

Cette théorie apporte enfin le socle scientifique nécessaire pour mettre en défaut la théorie économique dominante. Le lien si fort avec le monde académique devient également présent et permettra d’apporter une crédibilité scientifique à la finance comportementale.

3.2 Les biais psychologiques

Les recherches effectuées en psychologie ces dernières années, ont permis d’énormément progresser dans la compréhension du processus de prise de décision en bourse. Ici plus question d’aborder l’opérateur comme un être rationnel mais au contraire d’essayer de le comprendre.

Je suis sûr que vous-mêmes êtes sujet à ce stress, je le suis moi-même. Cela ne sert à rien de les combattre frontalement. Essayez plutôt de les apprivoiser !

Ces recherches partent du postulat que chaque individu agit en fonction de ses convictions, de ses croyances mais aussi de ses émotions. Ces nombreux biais font que l’individu peut devenir complétement irrationnel.

On distingue 3 types de biais principalement :

  • Cognitif
  • D’ancrage
  • Émotionnel

3.2.1 Les biais cognitifs

Des recherches ont démontré que dans un environnement incertain notre cerveau prend des raccourcies cognitifs consciemment et inconsciemment.

Prenons un exemple

Une situation de stress se présente lors d’un passage d’ordre dans la précipitation. Un actif peut décaler subitement et fortement à la hausse ou baisse.

Nous sommes alors dans un mouvement d’euphorie ou de panique.

Deux possibilités de réaction :

  • Notre cerveau va soit se baser sur des règles empiriques, une situation similaire c’est déjà produite dans le passé. Nous allons donc capitaliser sur notre expérience et exécuterons de nouveau cette action même si celle-ci a produit de mauvais résultats.

Nous occultons complétement de simples règles élémentaires de bon sens.

  • Ou alors inconsciemment, notre cerveau se base uniquement sur des informations facilement accessibles et mémorisables.

Plus un événement sera récurrent pour l’opérateur plus sa rationalité baissera.  Il est très dur de ne pas tomber dans ce biais.

Revenons sur une célèbre bulle spéculative.

L’exemple le plus parlant pour moi est sans conteste la bulle internet du début des années 2000. La rationalité des investisseurs était inexistante. Tout le monde voulait avoir des valeurs internet dans son portefeuille. Le choix de l’investissement ne se portait sur le business modèle mais simplement sur une croyance auto entretenue. Tous étaient convaincus que le monde allait changer dès le lendemain.

Il ne fallait surtout pas louper le train. Ces individus étaient prêts à payer des sommes folles pour avoir des actions, ce qui entretenait le phénomène et l’alimentait d’autant plus. Il n’y avait plus aucune rationalité. Il faut savoir que la plupart de ces startups ne dégageaient pas un dollar de revenus.

Quand la bulle a fini par éclater, beaucoup de ces startups ont fait faillites. Seules les plus solides ont survécu et transformé l’essai.

Aujourd’hui 20 ans plus tard, oui on peut dire qu’internet a changé notre monde et notre rapport au numérique, combien d’investisseur ont réellement gagné de l’argent ?

3.2.2 Le biais d'ancrage

En période d’incertitude l’être humain se rattache toujours à un lieu, à une personne ou bien à une information qu’il connaît et maîtrise, on parle alors d’ancrage. Cela le rassure.

Ce biais ramené dans notre contexte des marchés financiers est très présent au moment de la prise de décision d’entrer ou pas en position. A ce moment on se met généralement à lire des forums, on guette la moindre information sur internet qui nous rassure un tant soit peu même si celle-ci est incorrecte, mais tant qu’elle va dans notre sens cela nous convient.

Quand nous étudions un graphique en analyse technique, nous recherchons des supports et des résistances ou un chiffre rond qui permettent d’appuyer notre pensée et valider notre méthode. C’est grâce à ce biais que l’analyse technique a du succès. Lire un graphique est abordable pour tout le monde (contrairement à l’analyse fondamentale). La simplicité et l’accessibilité participent ainsi au phénomène de prophétie auto réalisatrice.

3.2.3 Le biais émotionnel

Maintenant nous allons aborder le biais émotionnel. Celui-ci méritera à lui tout seul un cours tant ses répercussions sont importantes et dévastatrices.

Avez-vous déjà entendu parler du mode espoir en bourse ?

Si oui alors vous êtes déjà sur le chemin de la rédemption.

Si non lisez le paragraphe suivant avec beaucoup d’attention.

Disons-le clairement, trader avec les émotions est mortel pour votre compte de trading.

Pourquoi ?

Vous pouvez acheter un titre en période d’euphorie ou bien il se peut aussi que vous tombiez amoureux de ce titre. Vous le connaissez par cœur, vous lisez la moindre information sur lui. Il ne peut que monter c’est écrit vous en avez même la certitude cela augmente votre conviction sur ce titre.

Malheureusement pour vous tout ne se passe pas comme prévu. Vous n’avez pas réalisé d’analyse ou alors vous avez écouté aveuglement un analyste. Le titre se retourne suite à une mauvaise nouvelle par exemple. La rationalité tant démontré par le modèle fondamental vous pousserait à agir de suite et vendre cet actif, la hausse est stoppée. Or il n’en est rien, vous le conservez, vous n’acceptez pas votre erreur quand le titre baisse alors qu’il devrait monter.

Vous vous mettez à lire toutes les informations sur le titre en quête d’une information qui irait dans votre sens. Vous êtes désormais en mode « espoir ». Vous considérez cette chute comme temporaire, le moindre retournement sera pour vous l’occasion de renforcer votre position sur le titre (chose à ne jamais faire! attention !)

Comme je l’ai dit plus tôt, traiter un sujet aussi important nécessitera un cours à lui tout seul. Cela arrivera c’est déjà dans mes projets. Nous aborderons l’excès de confiance, pourquoi prendre ses gains rapidement et ne pas couper ses pertes, alors que cela devrait être l’inverse, et bien d’autre aspects.

L’ analyse financière professionnelle au service des investisseurs particuliers.

3.3 Conclusion

Résumons ce chapitre.

La finance comportementale apporte un socle théorique et académique en remettant en cause l’efficience des marchés revendiqués par l’école néoclassique.

Le postulat que chaque individu est rationnel dans sa prise de décision n’est pas respecté. Cela conduit à observer un effet moutonnier. La représentation la plus évidente de ce phénomène est la formation de bulle de spéculative (On me souffle le Bitcoin en décembre 2017…)

La prise en compte de la dimension psychologique apporte une nouvelle dimension pour votre trading. Une dimension plus difficile à appréhender mais extrêmement puissante une fois qu’on la maîtrise.

Chaque individu est gouverné par ses biais psychologiques. Il est très dur de les combattre et d’en sortir vainqueur.

Au lieu de perdre vos forces dans un combat sans fin, apprenez à les dompter!

Avant de conclure cet article, j’ai besoin de vous!

Conclusion

Vous voilà enfin arrivé au terme de ce cours quelque peu à part puisqu’il n’est pas consacré directement à l’analyse technique. J’insiste sur le mot « directement »

L’analyse fondamentale offre une vision long terme des marchés. Son rôle est important pour le grand public puisqu’elle met en lumière des éléments fiables sur lesquels s’appuyer. Le suivi de ces actifs par des analystes garanties une pression positive sur celles-ci.

Nous l’avons vu, son socle théorique est l’efficience des marchés qui passe par la rationalité des individus et un accès exhaustif à l’information.

Malheureusement le monde réel n’est pas tout le temps rationnel. Il y a même beaucoup d’irrationalité. Cela conduit à des mouvements d’euphorie ou bien de panique.

Elle est déconnectée de l’horizon court terme puisqu’une composante indispensable à votre stratégie de trading est manquante.

Vous la connaissez maintenant : C’est la fameuse dimension psychologique

Le développement de la finance comportementale intègre cette dimension et met en avant 3 types de biais psychologiques : Cognitif – d’ancrage et émotionnel.

En matière de trading vous devez réaliser une approche hybride combinant le meilleur des 2 approches.

L’analyse fondamentale est pertinente sur une durée d’une à plusieurs années. Elle permet de compenser et lisser les mouvements courts termes d’un marché irrationnel.

La finance comportementale apporte également un socle solide mais cette fois-ci à l’analyse technique.

L’analyse technique permet justement de ressentir la psychologie des marchés. Combiner à une analyse graphique elle permet de déterminer des niveaux d’interventions.

Une phrase résume très bien ma pensée :

Il est coutume de dire que l’analyse fondamentale nous fait nous intéresser à une entreprise mais que l’analyse graphique nous offre le timing pour y rentrer.

Je vous conseil vivement le livre « Psychologie des grands traders » de Thami Kabbaj. Il fait référence aux biais psychologiques qui gouvernent les apprentis traders et même les traders confirmés. 

Je me suis moi même inspiré de ce livre pour la conception de ce cours fondamental, mais que très peu de personnes savent. Sauf vous maintenant!

Psychologie du trader de thami Kabbaj

Voilà je vous libère !

Si vous avez lu ce cours d’une seule traite en « one shoot » bravo! Belle performance de votre part.

Pour les autres, bravo également, vous ne déméritez pas.

J’espère vous avoir éclairé sur le sujet !

Dorénavant dans les prochains cours, nous nous concentrerons sur l’analyse technique, sa représentation et comment l’utiliser.

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Ternet
3 années il y a

Très intéressant et très bon cours désolée je n’est pas de critiques constructive juste un remerciements à vous donner

Benoist Comes
3 années il y a

Excellent.
Vite la suite.