Supports et résistances : Fondements de l'analyse graphique boursière
La valeur ajoutée d’un analyste ne réside pas dans la prédiction des mouvements de prix à long terme, mais plutôt dans la capacité à déterminer des probabilités de direction basées sur des éléments tangibles présents sur le graphique de prix.
Continuons notre exploration avec les supports et résistances sur un graphique boursier , des éléments cruciaux qui nous permettront d’encadrer le prix d’un actif, tant graphiquement que techniquement.
Vous êtes désormais à l’aise avec le principe de l’analyse graphique ?
Si un doute subsiste, notre présentation complète sur l’analyse graphique est à votre disposition.
De même, la représentation du prix en chandeliers japonais vous est-elle familière ?
Si ce n’est pas le cas, une rapide session de rattrapage sur la représentation du prix sur vos graphiques boursiers est essentielle.
Enfin, pour vous aider à naviguer dans le jargon technique, notre lexique de la bourse est là pour vous.
Dans ce cours, nous allons aborder deux principes fondamentaux :
- Celui des zones de réaction.
- Celui du changement de polarité
1. L’étude des zones de réaction sur le prix
Commençons par étudier le mouvement du prix, notamment via les chandeliers japonais.
Sur votre graphique, ne laissez apparaître que le prix, sans indicateurs ni tracés.
L’objectif est de se focaliser uniquement sur le comportement du prix lui-même. En observant son historique, vous verrez une succession naturelle de creux et de sommets.
Par la suite, nous appellerons ces creux et sommets les « plus bas » et les « plus hauts » atteints par le prix.
Comme nous l’avons énoncé dans un cours précédent:
Le prix conserve en mémoire les zones où il a réagi dans le passé.
Reprenons notre graphique de l’action BNP Paribas.
Ce graphique est en unité journalière, ce qui signifie que chaque chandelier correspond à une journée de cotation sur le titre. Nous détaillerons le principe des chandeliers dans un tutoriel sur les chandeliers japonais , mais pour l’instant, chaque plus haut et plus bas du prix est repéré par une pastille.
Observons attentivement le positionnement de ces pastilles.
- La pastille 1, par exemple, marque une zone où le prix a rebondi. Ce niveau est « conservé en mémoire » par le marché, car il a permis au prix de rebondir de nouveau (pastille 3) environ 20 jours plus tard, et même une troisième fois avec la pastille 5. Cela confirme que le prix se souvient de son activité passée.
- Les pastilles 2 et 4, ainsi que 6 et 8, fonctionnent de la même manière, mais cette fois-ci, le prix y a été mis en échec
1.1 Observer les zones de réaction sur différentes unités de temps
Dans le cours précédent sur la représentation du prix sur vos graphiques boursiers, nous avons démontré l’importance de savoir jongler avec différentes unités de temps.
Sur le graphique précédent, nous étions en unité journalière, qui est personnellement mon unité de référence. Comme je l’écris et le démontre dans mon livre numérique sur l’investissement en bourse, prenez le temps d’observer votre actif sur plusieurs unités de temps.
Cela vous donnera une première idée du comportement historique du prix.
En observant l’axe horizontal, vous verrez que l’horizon de temps s’étend désormais sur 2 ans au lieu de 6 mois.
Réalisons le même exercice en plaçant des pastilles sur chaque plus haut et plus bas.
Vous constaterez que certaines zones de moyen terme ressortent nettement cette fois-ci
2. Déterminer les zones de support et de résistance graphique
Une résistance matérialise un niveau de prix où la progression haussière a été stoppée. Sur nos graphiques, cela se traduit par un échec sur un niveau, suivi au mieux d’une latéralisation, mais le plus souvent d’une baisse.
Un support fonctionne selon une logique inverse : le prix a stoppé sa chute sur un niveau, a latéralisé, puis a rebondi sur cette zone. Ces zones sont précisément ce que nous appelons nos zones de réactions.
Si nous relions toutes ces zones de réactions, nous obtenons naturellement des zones de résistances et de supports pour le prix.
Regardons ce que cela donne sur notre graphique journalier
Au niveau des pastilles 1, 3 et 5, nous pouvons naturellement les relier pour constituer une belle zone de support pour le prix, si celui-ci est amené à y retourner.
De même, pour les pastilles 2, 4, 6 et 8, nous pouvons les relier ensemble, ce qui nous donne deux zones de résistances.
Pour le graphique en hebdomadaire, observez bien la position des différentes zones de réaction et refaites l’exercice pour vous entraîner. Certaines zones de moyen terme ressortent également sur notre graphique en journalier.
Il est important de bien distinguer une zone de résistance de moyen terme d’une zone de court terme.
Le moyen terme étant une unité de temps plus longue, une zone de résistance de moyen terme s’étend sur un horizon d’au moins plusieurs mois, voire plusieurs années pour le très long terme.
Il est donc primordial de prendre en compte cette donnée lors de vos analyses graphiques. Vous pouvez très bien réaliser votre analyse sur une unité courte, comme de l’horaire, mais n’oubliez pas que si le prix casse à la hausse cette résistance de court terme, il faut regarder où se trouve la prochaine résistance de moyen terme.
Le risque serait de se retrouver face à un mur infranchissable pour le prix. En revanche, si une cassure de court terme concorde avec une cassure de moyen terme, les probabilités de succès seront grandement améliorées et l’effet décuplé.
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2.1 Le principe du changement de polarité
Abordons maintenant l’un des principes les plus importants en analyse graphique:
Le changement de polarité : Un support cassé devient résistance. Une résistance cassée devient support.
Reprenons nos pastilles 2 et 4, le prix est mis en échec sur le niveau des 53.5€. Celui-ci reflue de nouveau pour rebondir une 3ième fois sur la pastille 5 mais ensuite le prix retente une nouvelle fois les 53.5€ et réussi cette fois à passer, le prix a cassé à la hausse ce niveau.
Sa progression haussière continue avec un échec sur la pastille 6 et revient sur le niveau des 53.5€. Cette fois-ci la situation est inversée. Ce niveau ne se comporte plus en résistance mais bien en support avec le prix qui rebondi dessus.
Nous venons de décrire le principe des zones de support et de résistance : elles sont simplement la retranscription de cette « mémoire du marché ».
2.2 Les différents types de supports et de résistances
Nous venons de voir que les zones de réaction sont en réalité un niveau de prix déjà atteint par celui-ci dans le passé.
Il existe différents types de résistances et supports en analyse graphique comme :
- Un niveau de prix déjà atteint dans le passé
- Un niveau psychologique (ex: chiffre rond)
- Un objectif chartiste haussier ou baissier
- Un indicateur technique
L’objectif chartiste utilise les tracés que nous réalisons sur nos graphiques. Ces tracés permettent de relier ensemble plusieurs sommets et creux entre eux.
Nous pouvons construire des supports obliques haussiers ou baissiers ainsi que des résistances obliques baissières ou haussières.
Comme indicateur technique prenons le plus simple : La moyenne mobile
Voici quelques tracés réalisés sur notre graphique du titre BNP.
Pour le moment nous avons simplement survolé toutes ces notions de tracés chartistes et d’indicateurs techniques.
Rassurez-vous nous détaillerons tout ceci dans les cours sur la tendance du prix sur un graphique boursier, les figures chartistes en analyse graphique et les indicateurs techniques.
2.3. L'impact du manque de liquidité sur l'analyse
J’aimerai attirer votre attention sur un point important : Le manque de liquidité sur le titre.
Ce manque de liquidité ou de volume signifie en réalité qu’il ne se passe pas grand-chose sur le titre en question. Le carnet d’ordre de la valeur est creux.
Concrètement cela se traduit par un spread élevé dans le carnet. Sans rentrer dans le détail retenez que l’écart entre la meilleure offre à l’achat et la meilleure offre à la vente est important.
- Fluctuation erratique du prix
- Mèches de chandeliers extrêmement longues
- Aucunes ou peu de transaction sur le titre
J’aimerai attirer votre attention sur un point important : Le manque de liquidité sur le titre.
Ce manque de liquidité ou de volume signifie en réalité qu’il ne se passe pas grand-chose sur le titre en question. Le carnet d’ordre de la valeur est creux.
Concrètement, cela se traduit par un spread élevé dans le carnet d’ordres. Sans entrer dans les détails, retenez que l’écart entre la meilleure offre à l’achat et la meilleure offre à la vente est important. Sur un graphique, cela se manifeste par :
- Une fluctuation erratique du prix
- Des mèches de chandeliers extrêmement longues
- Peu ou pas de transactions sur le titre
Ces caractéristiques visuelles, comme les mèches très longues, traduisent le moindre achat qui fait fortement décaler le prix sans pour autant refléter le comportement réel du titre. Le manque de liquidité est également visible lorsque, sur certaines périodes, il n’y a strictement aucune transaction, et le chandelier japonais apparaît comme un trait horizontal.
Dans de telles conditions, réaliser une analyse graphique cohérente est tout simplement impossible. Le titre BNP Paribas n’est pas concerné par ce problème, même sur des unités de temps très courtes, car c’est un titre à forte capitalisation, très suivi par le marché et les analystes, et coté sur le CAC40.
En revanche, des titres avec une micro-capitalisation (microcaps ou smallcaps), cotés sur des marchés réglementés ou non, possèdent beaucoup moins de volume de transaction sur les unités courtes et même journalières.
Voici le résultat en image !
Ne vous compliquez pas la tâche inutilement : il n’est pas possible d’avoir une gestion du capital (money management) correcte dans ces conditions.
2.4 Réaliser des graphiques propres et épurés
Un dernier petit conseil plus personnel.
Si vous suivez mes vidéos d’analyses graphiques sur ma chaîne YouTube, vous savez que je milite pour que vous réalisiez des graphiques propres, épurés et surtout colorés.
La couleur n’est pas superflue ; elle permet de faire ressortir immédiatement les caractéristiques importantes de vos tracés, comme le sens haussier ou baissier, et de différencier vos zones d’objectifs ou de neutralité.
Limitez également le nombre d’indicateurs sur vos graphiques. Ne faites apparaître que ceux que vous maîtrisez parfaitement. Vos tracés ne doivent pas se superposer ; si c’est le cas, c’est qu’il y a un problème dans le tracé, car il n’est pas naturel.
Et comme je le dis souvent, si ce n’est pas naturel pour vous, cela ne le sera pas non plus pour le marché.
Avant de conclure cet article, j’ai besoin de vous!
Conclusion et prochaines étapes
Pour résumer ce troisième cours, retenons simplement que nos graphiques sont une méthode d’analyse du prix.
Nous avons abordé le principe des zones de réaction sur le prix, qui ne sont que la représentation réelle de la psychologie du marché et des intervenants sur le titre.
Elles permettent de ressentir la psychologie à l’œuvre sur l’actif à un instant T.
Le marché possède une mémoire, et ces zones en sont le reflet. Elles nous permettent de déterminer des zones de support et de résistance lorsque nous les relions entre elles.
Retenez également le principe crucial du changement de polarité : une zone de support cassée à la baisse se transformera en zone de résistance au moment où le prix reviendra à son contact. Ce principe épargnera votre capital d’innombrables fois.
Une bonne analyse doit permettre d’identifier d’un seul coup d’œil les éléments graphiques et techniques qui nous permettront d’entrer en position sur l’actif, ou de rester à l’écart. Ce premier travail d’analyse nous permettra ensuite d’en déduire la tendance du prix sur un graphique boursier (le sujet du prochain cours) et surtout de construire un scénario d’évolution. C’est la partie la plus intéressante !
Je pense que vous saisissez maintenant le concept de l’analyse graphique. Cela va plus loin que de simplement tracer des traits sur un graphique.
- Visualiser des niveaux de résistances et de supports
- Identifier des seuils d’interventions potentiels
- Utiliser des indicateurs techniques
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