Stop loss: Les 2 pièges à éviter absolument
Lorsque tu commences à trader en bourse et que tu te ballades sur la plupart des sites internet en quêtes d’astuces et de conseils pour améliorer tes connaissances sur le sujet, tu rencontres bien souvent le même conseil : placer un stop loss.
Un stop loss, qu’est-ce que c’est ?
C’est un moyen que les brokers mettent à ta disposition pour fixer un prix de vente sur une de tes positions, dans l’éventualité où le cours de l’actif que tu trades irait dans le sens inverse de celui que tu envisages. Autrement dit, il sert principalement à limiter tes pertes même si, on le verra plus tard, il peut aussi être utilisé dans d’autres cas.
Au fond, ce que les novices en bourse ont tendance à penser, c’est qu’un ordre stop loss, c’est un peu comme un ami. A chaque fois que t’es dans la panade, il est là pour te sauver la mise et éviter que tu fasses de grosses bêtises. Un peu comme si tu allais au casino et que celui-ci en te voyant accumuler les pertes finissait par te confisquer tes jetons.
Certes, le bilan de la soirée serait clôturé par une perte mais grâce à lui tu éviterais la banqueroute et un régime à base de pâtes jusqu’à la fin du mois.
Sauf qu’en réalité, l’ordre stop loss, ce n’est pas ton ami. A la place, il faudrait plutôt le voir comme une connaissance avec qui tu entretiens de bons rapports et que tu as l’habitude de côtoyer. Quelqu’un sur qui tu peux compter pour te dépanner dans la plupart des situations mais qui ne serait pas forcément totalement fiable en cas de vrai coup dur.
Dans cet article, je vais te montrer quels sont les deux éléments qui doivent t’inciter à prendre des précautions par rapport à l’ordre stop loss et pourquoi il ne représente pas une garantie optimale pour faire face à tous les types de situation.
1er risque : le manque de liquidité
Trader un actif où les acheteurs et les vendeurs ne se bousculent pas vraiment, c’est un risque dans la mesure où tu vas avoir des difficultés à trouver le bon point d’entrée et de sortie. Mais c’est également un gros danger si tu compte mettre en place un ordre stop loss.
Pour t’expliquer où je veux en venir, je vais utiliser un exemple que j’aime particulièrement : celui du marché et de mes fameux vendeurs de poulets.
Un carnet d’ordres vide : un mauvais présage
Imagine que nous sommes le dimanche matin et que ton job, ce soit d’écouler ton stock de poulets aux clients qui viennent faire leurs courses. Une fois arrivé sur place, tu te rends compte que d’autres vendeurs de poulets sont déjà présents.
- Une jeune fille qui en propose 15 à la vente à un prix de 8€.
- Un autre qui en possède 60 et qui affiche un tarif de 7€ et
- Pour finir une dame un peu plus âgée qui possède un stock de 50 poulets au prix de 9€.
De ton côté, tu désires vendre tes 40 poulets à 10€, soit un prix plus élevé que ceux de tes concurrents mais comme t’es pas fou au point de repartir à la fin de la journée sans les avoir vendu ( le risque étant de devoir les jeter et accuser une perte sèche ), tu prends la décision de vendre tes poulets à n’importe quel prix si tu constates que la moindre transaction à lieu au prix de 5€ au cours de la journée.
La raison, c’est que si une transaction s’effectue à ce prix, il y a peu de chance que d’autres clients soient prêts à acheter ta marchandise beaucoup plus chère par la suite.
Cette limite que tu te fixes, c’est ton ordre stop loss. Aucun de tes concurrents ou des clients présents sur le marché ne connaît cette limite. Dans le carnet d’ordres, le stop loss n’est donc pas visible.
Maintenant on va observer les clients et on va constater qu’ils souhaitent au total 100 poulets et qu’ils sont prêt à dépenser au maximum 3€ pour les obtenir. Dans le carnet d’ordres, on va voir la décomposition des offres d’achat de la manière suivante :
On comprend à la vue du carnet d’ordres qu’il existe un décalage entre l’offre ( les vendeurs ) et la demande ( les clients ). Aucune transaction n’est possible. L’objectif à ce stade pour toi, est d’espérer qu’à un moment donné les acheteurs voudront tellement repartir avec un ou plusieurs poulets qu’ils finiront par augmenter le prix qu’ils sont prêts à mettre pour en acquérir, et, à mesure que le nombre de poulets disponibles à la vente diminue, les clients viendront acheter tes poulets à 10€.
De l’autre côté, tu espères aussi que les vendeurs ne baissent par eux-mêmes leurs tarifs ce qui aurait pour conséquence de déclencher ton stop loss fixé à 5€.
Stop loss et absence de contrepartie ne font pas bon ménage
Quelques minutes plus tard, tu vois arriver sur le marché un nouveau vendeur de poulet.
Il te raconte qu’il a obtenu 20 poulets à un prix dérisoire et qu’il compte les mettre en vente à n’importe quel prix pour tous les écouler rapidement. Sans te laisser le temps d’en placer une, il se dépêche d’aller voir les clients et propose le lot à ceux qui offrent le meilleur prix.
Etant donné qu’un acheteur en voulait 50 à 3€, il finit par effectuer la transaction à ce prix pour la totalité de son stock.
Cette transaction effectuée à 3€ déclenche aussitôt ton stop loss que t’avais fixé à 5€. Si bien que tu finis par vouloir écouler toute ma marchandise à n’importe quel prix.
Le but n’est plus, désormais, de faire une plus-value en fixant un tarif à 10€ mais de vendre à perte ces derniers de peur que le prix continue à dégringoler si les autres vendeurs prennent peur eux aussi de la chute du prix.
Une fois ton stop loss déclenché, un ordre de vente est lancé à n’importe quel prix et t’arrives finalement à vendre 30 poulets à 3€ et 10 poulets à 2€ ce qui te donne un prix de vente moyen égal à 2.75€ l’unité.
La morale dans cette histoire.
C’est qu’un ordre stop loss n’est en aucun cas le gage de pouvoir vendre au prix auquel on l’a fixé.
Et c’est encore plus valable lorsqu’il existe un manque de liquidité sur le marché. Pour limiter ses pertes, il faut placer un stop loss car même s’il n’est pas infaillible, il permet de protéger son capital.
Mais ce qu’il faut surtout avoir en tête, c’est que celui-ci peut être exécuté à un prix inférieur à celui qu’on avait en tête au départ et donc que la perte subie peut dans ce cas être supérieure à celle qu’on avait envisagé initialement.
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2ème risque : la volatilité
Si tu observes le graphique de n’importe quelle action, indice voir même paire de devises, tu peux te rendre compte à quel point les fluctuations du cours alternent entre phase de volatilité importante (quand l’amplitude est importante) et phase de stagnation ( faible amplitude ).
Beaucoup d’investisseurs, et j’en fais partie, ont l’habitude d’investir sur des produits à effet levier comme les CFD. Outre la faculté d’augmenter son exposition sur un actif, l’effet levier permet à ces « spéculateurs » de générer des gains même quand la volatilité est faible.
Cela peut être le cas sur un indice tel que le CAC40 par exemple qui a l’habitude d’évoluer dans une fourchette de l’ordre de -2% – +2% généralement. Pourtant, il arrive que cette amplitude soit beaucoup plus importante.
Le secret que je vais te révéler ici, il est simple. Quand la volatilité est importante sur un actif, la sécurité que te procure ton stop loss n’est pas totale.
Et pour te le prouver, je vais te montrer un exemple concret.
Ce qu’il se passe en l’absence de volatilité
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’un CFD, c’est un produit dérivé ( au même titre que les turbos ou les warrants ).
Autrement dit, acheter un CFD, c’est passer un contrat avec un broker pour acheter un produit qu’il a lui-même crée avec ses propres règles de fonctionnement et dont le prix évolue en fonction des fluctuations du cours de son sous-jacent ( l’actif qu’il tente de répliquer ).
Comme tu peux le voir dans la diapositive, à chaque fois que le cours de l’indice CAC40 évolue d’un point ( à la baisse ), le CFD CAC40 va s’ajuster lui aussi pour coller au mieux aux fluctuations de son sous-jacent de la même manière que tu essaierais de calquer les mouvements d’un danseur que tu vois à la télévision.
Si tu n’es pas familier avec les CFD, laisse-moi te faire un aperçu de ce que ça donne :
Dans la diapo, le CFD CAC40 reproduit l’évolution de l’indice CAC40. L’investisseur qui a mis en place un stop loss à 4 047 points souhaite donc se séparer de ses titres ( on les appelles des contrats ) si le cours du CFD atteint ce seuil pendant la séance boursière.
Dans le cas présent, un investisseur avec un stop loss fixé à 4 047 points aura son ordre exécuté à 4 047 points également car l’évolution du cours se fait point par point. Cela laisse donc la possibilité à un investisseur de sortir facilement de sa position avec un ordre stop loss sans risquer que ce dernier soit exécuté à un prix inférieur.
Toutefois, cet exemple n’est pas tout à fait représentatif de la réalité. En effet, il existe un phénomène récurrent sur les marchés qui amène le cours à accélérer ou à décélérer. Ce phénomène, c’est la volatilité.
En fait cet exemple pourrait laisser penser à une personne qui débute sur les marchés que dans tous les cas, son stop loss serait exécuté au prix qu’il a fixé initialement.
Pourtant ce n’est pas forcément le cas. Si tu t’intéresses à mon contenu, tu as pu comprendre avec le temps, que la bourse, c’était une question de probabilité.
C’est intéressant de voir qu’un schéma se reproduit 99% du temps mais il faut aussi penser à ce que tu ferais si le scénario alternatif venait à se concrétiser ( le fameux 1% ). Ici, ce type de scénario, ça pourrait être une crise financière.
Ou même sans aller aussi loin, un événement suffisamment important sur le plan financier qui pourrait déclencher une tempête sur les marchés. Il suffit de se souvenir de ce qu’il s’est passé fin 2018 sur les indices pour avoir un aperçu des conséquences.
Ce qu’il se passe lorsque la volatilité est présente
Dans l’exemple suivant, je vais juste te montrer ce qu’il se passe lorsqu’il y a un peu de volatilité sur l’indice CAC40. C’est le genre de chose qui arrive régulièrement pendant une séance et qui peut faire décaler le cours de l’indice de plusieurs points en l’espace de quelques dixièmes de secondes :
Dans la diapo, notre cher investisseur a toujours son stop loss fixé à 4 047 points et souhaite donc se séparer de ses contrats si le cours du CFD atteint ce seuil.
Sauf que nous sommes en présence d’une volatilité plus importante que dans le premier exemple où il était question d’un indice qui évoluait point par point. Ici, l’indice passe de 4 050 points à 4 040 points directement.
L’ordre stop loss de l’investisseur va donc se déclencher lorsque le CFD CAC40 va franchir à la baisse le cap des 4 047 points et être exécuté finalement à 4 039 points. En effet, l’absence de cotation entre 4 049 points et 4 039 points a empêché le broker d’exécuter l’ordre avant.
L’investisseur aura donc une perte supplémentaire de 8 points par contrat vendus par rapport à ce qu’il avait anticipé en plaçant son stop loss.
Avant de conclure cet article, j’ai besoin de vous!
Conclusion
Ce qu’il faut bien retenir de cet article:
C’est que le fait de mettre un stop loss lorsque tu prends une position sur un actif, est une très bonne chose.
Dans la mesure où cela te permet de limiter tes pertes si l’évolution du cours ne va pas dans le sens que tu avais souhaité.
Mais ce qu’il faut bien comprendre également.
C’est que ce type d’ordre ne représente pas une sécurité optimale dans la mesure où ce dernier peut être exécuté à un prix moins favorable dans le cas où il y aurait un manque de liquidité ou bien une forte volatilité.
Le montant de ta perte peut donc être plus important que celui que tu avais envisagé en plaçant ton ordre stop loss au départ.
A propos de l'auteur...
Le Trader du dimanche partage son expérience d’investisseur particulier en bourse depuis plus de 8 ans par l’intermédiaire de sa chaîne Youtube.
Que la bourse soit complètement abstraite ou que vous soyez en quête de connaissances sur le sujet, vous y trouverez des informations pour vous permettre d’en savoir plus sur les marchés financiers et leur fonctionnement, à travers son univers animé.
Merci pour le partage ; c’est très intéressant et cela nous aide bcp dans nos débuts
Merci! Cela me fait plaisir!
On pourrait ajouter le cas du StopLoss avant cloture du marché le soir…par exemple l’indice FRA40
Je n’arrive pas encore à me décider de la stratégie la plus efficace si on ne peut pas être présent à l’ouverture le matin.
Concernant le problème de liquidité il ne se pose aucunement sur le CFD. L’essentiel des traders débutants sont sur CFD (et tant mieux)
Sur Futures cela peut poser problème, surtout en scalping, en day trading aucune incidence
Cordialement
C’est très intéressant je suis débutant je n’ai pas d’autre avis
Merci beaucoup